Pueblo

Publié le par François Hameau

Important groupe de nations indiennes du Sud-Ouest des Etats-Unis.

Appelés "Pueblos" (village) par les Espagnols, répartis entre l’Arizona, le Nouveau-Mexique et le Colorado, ils vivaient dans de gros villages faits de constructions à étages remarquables, de leur agriculture très performante et de leur bel artisanat.

Les descendants des Anasazis

Les Hopis (Arizona) et Zunis (Nouveau-Mexique) sont les Pueblos de l’ouest.

Les Pueblos installés au Nouveau-Mexique le long de la vallée du Rio Grande, au nord de la ville d’Albuquerque, sont Taos, Picuris, Santa Clara, San Juan, San Ildefonso, Pojoaque-Nambe, Tesuque, Jemez, Zia, Cochiti, Santo Domingo, Santa Ana, Laguna, San Felipe, Sandia, Canoncito, Isleta et Acoma, Les Pueblos du Rio Grande constituent de petites unités, certaines avec un territoire relativement étendu, comme Isleta, Canoncito, Laguna, Acoma, les autres pratiquement réduits aux dimensions d’un village.

Les Pueblos sont probablement les descendants des Anasazis et des Mongollons qui ont disparu entre les XII éme et XIV éme siècles et dont les ruines, des habitations semi- troglodytes, sont encore visibles notamment à Mesa Verde, Pueblo Alto, Pueblo Bonito, Chaco Canyon, Wupatki, au Canyon de Chelly. Le village hopi de Old Oraibi, a environ huit cents ans.

Les Pueblos ont toujours vécu dans de gros villages installés sur des hauteurs faciles à défendre. Sur la place centrale du village où l’on pouvait se réunir se trouvait la "kiva", une chambre souterraine où des prêtres célébraient des cérémonies hors des regards profanes. La religion pueblo, fort discrète, est assez mal connue. Les Pueblos tenaient avant tout, comme d’ailleurs les autres Indiens, à renforcer leurs liens avec les forces de la nature, à se concilier leurs pouvoirs.

Les habitations, qui ont valu à ces Indiens le nom de "Pueblos", sont de gros cubes de pierre ou d’adobe (un mélange d’argile et de paille) empilés les uns sur les autres, donnant l’impression d’immeubles. On entre dans les maisons par des échelles qui donnent accès au toit. On descend alors dans la maison par une autre échelle. Certains bâtiments étaient des greniers où étaient entreposées les récoltes. Ce dispositif particulier et certainement très peu commode montre à quel point les Pueblos redoutaient les attaques d’ennemis pillards. Depuis les Xè et XIè siècles, ils étaient en butte aux attaques des nomades athapascans venus du nord qui seront connus comme les Navajos et les Apaches. La relative richesse de ces Pueblos sédentaires, dotés d’une agriculture très performante malgré des conditions climatiques difficiles, produisant un artisanat recherché, attisait la convoitise des peuples nouveaux venus dans la région.

Les champs cultivés des Pueblos s’étendaient au pied des hauteurs où étaient construits les villages. Sous un climat sec et chaud, les Pueblos pratiquaient une agriculture irriguée. Des canaux, que la fonte des neiges des montagnes environnantes emplissait au printemps, parcouraient leurs champs et la moindre goutte d’eau des orages d’été était utilisée. Les Pueblos produisaient ainsi plusieurs variétés de maïs, courges, melons, haricots, tournesol, tabac et coton. Ce sont les hommes qui travaillaient aux champs.

Les vêtements étaient le plus souvent en étoffe de coton que tissaient les femmes, en peau de daim ou en fourrure durant l’hiver court mais glacial. Les hommes chassaient les cervidés et le petit gibier, mais l’essentiel de la subsistance était fourni par l’agriculture.

Les femmes fabriquaient de superbes poteries ornées de dessins géométriques, ainsi que de la vannerie. Les hommes sculptaient des masques cérémoniels, ainsi que les nombreuses "poupées kachinas" des figurines anthropomorphes très élaborées représentant divers esprits bienfaisants, des héros mythiques ou des ancêtres qui avaient apporté la culture aux Pueblos.

Les cérémonies des Pueblos avaient surtout pour but de faire tomber la pluie, si vitale pour eux. On connaît la "danse de la pluie" durant laquelle des danseurs munis de crécelles manipulent des serpents sensés représenter les eaux coulant sur le sol.

Pueblo d'Acoma (5 janvier 1599)

Bien qu’ils aient toujours été un peuple pacifique, les Pueblos ont courageusement résisté aux Espagnols qui, remontant du Mexique, ont tenté de les convertir au christianisme, de leur faire payer tribut et de leur imposer le servage.

En 1598, Juan de Oñate reçoit du roi d’Espagne l’autorisation de coloniser le Nouveau-Mexique. Après avoir fondé Santa Fé, il exige un tribut des Pueblos vivant sur le territoire dont il s’est emparé.

A la fin de l’année, les Indiens du pueblo d’Acoma tuent quinze Espagnols venus s’emparer d’un tribut de marchandises que les Pueblos Keres estimaient avoir déjà versé. Oñate décide alors de châtier Acoma de manière exemplaire.

Dans les premiers jours de janvier, il envoie Vincente Zaldivar à la tête de soixante-dix hommes munis de deux canons contre le village d’Acoma réputé imprenable. Pendant trois jours, les Espagnols assiègent la forteresse perchée sur les falaises puis, grâce à leurs canons, finissent par vaincre la résistance acharnée des Pueblos. Huit cents Indiens, dont trois cents femmes et enfants à qui l’on a promis la vie sauve, acceptent de se rendre. Zaldivar ordonne alors l’égorgement de plus de deux cents prisonniers. Leurs cadavres sont jetés au bas de la falaise. Zaldivar emmène à Santa Fé cinq cent quatre-vingt prisonniers qui sont jugés pour rébellion. Quatre-vingt hommes sont condamnés à vingt ans de servage. A chacun, on coupe le pied droit. Les femmes et les jeunes filles sont distribuées aux colons espagnols.

Zaldivar et ses hommes s’attaquent, deux ans plus tard, au pueblo de Sandia qu’il rasent entièrement après avoir massacré ses neuf cents habitants. On estime que deux mille Pueblos sont morts de faim dans les montagnes où ils se sont réfugiés après ces massacres.

La révolte de Pope (1680)

C’est en 1680 la révolte conduite par Pope, un homme médecine tewa du pueblo de San Juan. Les Espagnols veulent éradiquer la religion indienne. Ils détruisent les "kivas", punissent les pratiquants de la religion pueblo. Les Pueblos, qui ont montré depuis un siècle une grande patience vis-à-vis de l’oppression espagnole, ne peuvent supporter cette atteinte à leur identité spirituelle. Dans le plus grand secret, Pope envoie des émissaires dans tout le pays pueblo et organise une révolte générale qui éclate le 11 août 1680. Les garnisons espagnoles, les haciendas des colons, les missions sont simultanément attaquées par des guerriers indiens nombreux et bien organisés. Les prêtres sont assassinés dans leurs églises. Les morts espagnols se comptent par centaines. Les Espagnols tentent de résister dans la ville de Santa- Fé, la capitale de la colonie du Nouveau-Mexique qu’ils ont fondée en 1610. Tenus en respect par les canons des Espagnols, les combattants indiens finissent par lever le siège.

Les Pueblos ne jouiront pas longtemps de leur indépendance retrouvée. Pope lui-même se révèle un chef tyrannique. L’esprit de la révolte est brisé. En 1698, les Espagnols reviennent, se réinstallent à Santa-Fé. Mais entre temps, les Indiens ont acquis des chevaux, commencé à utiliser des outils et des techniques apportés par les Européens, entrepris l’élevage des moutons et des chèvres dont ils ne pourront bientôt plus se passer. Beaucoup de Pueblos acceptent le christianisme et construisent une église au milieu de leur village. Mais la plupart continuent à pratiquer leur religion traditionnelle dans le secret des kivas souterraines, souvent creusées sous les habitations elles-mêmes. Vivant en quasi-autarcie dans des villages isolés, ils vont, mieux que d’autres Indiens, maintenir leur religion, leur culture, leur langue.

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