Mohawk

Publié le par François Hameau

Nation iroquoise de l’Etat de New York et de la province de Québec.

Les Mohawks étaient les plus nombreux et les plus actifs de la Ligue Iroquoise. Ils sont demeurés les plus fidèles alliés des Anglais. La plupart vivent actuellement au Québec et en Ontario. Depuis la fin du XIXè siècle, ils se sont fait connaître comme de remarquables constructeurs de ponts et de gratte-ciel.

Gardiens de la "Longue Maison"

Les Mohawks sont l’une des Six Nations de la Ligue Iroquoise. Leur nom est "Ganienkehaka" qui signifie "Peuple du Silex". Vivant dans l’est de l’actuel état de New-York, le long de la rivière Mohawk, un affluent de l’Hudson, ils sont considérés comme les Gardiens de la Porte de l’Est de la « longue maison » qui représente symboliquement l’Iroquoisie. Ils envoient neuf chefs au Grand Conseil de la Ligue siégeant à Onondaga et leur symbole est le bouclier. Aux XVIIè et XVIIIè siècles, la nation mohawk est la plus puissante des nations iroquoises. Le nom "Mohawk" est un mot algonquin signifiant "mangeurs d’hommes", une réputation que les Mohawks justifiaient largement.

Selon le récit légendaire de la fondation de la Ligue Iroquoise, les Mohawks sont les premiers à accepter la paix proposée aux belliqueuses tribus de la région par le prophète huron Deganawidah.

Hiawatha

C’est chez les Mohawks que Deganawidah rencontre Hiawatha, un Onondaga que les Mohawks ont adopté, et en fait son disciple. Deganawidah et Hiawatha réussissent à convaincre les féroces Mohawks d’abandonner les luttes fratricides qui les opposent aux autres nations de la région et dont ils partagent la langue et la culture, et à leur faire accepter l’idée d’une paix générale fondée sur l’égalité, la confiance, l’entraide, la défense mutuelle.

Hiawatha quitte les Mohawks pour aller convaincre quatre autres nations, les Oneidas, les Cayugas, les Senecas et les Onondagas qui constitueront avec les Mohawks la Ligue des Cinq Nations, qui deviendra celle des Six Nations quand elle seront rejointes en 1715 par les Tuscaroras.

Alliés des Hollandais

Dans les années 1630, les Mohawks font alliance avec les Hollandais débarqués sur les côtes de l’actuel Etat de New-York. Ils voient en eux des alliés qui peuvent les aider à asseoir leur hégémonie sur les tribus algonquines de la région. Ils considèrent comme leur vassaux de petites nations liées aux Delawares et exigent d’elles un tribu en marchandises que celles-ci refusent de payer. Les Hollandais voient les Mohawks comme des alliés contre ces mêmes tribus algonquines dont ils convoitent les terres et offrent plusieurs centaines de mousquets aux guerriers mohawks. En février 1643, pour échapper aux Mohawks, les Wappingers, une tribu apparentée aux Delawares, se réfugient chez les Hollandais qui les massacrent à Pavonia.

Alliés des Anglais

Quand, en 1664, les Hollandais sont évincés par les Anglais, les Mohawks s’allient à eux afin de l’emporter dans la compétition qui oppose les Indiens de la région pour le contrôle du marché des fourrures. Ils resteront fidèles à l’alliance anglaise tout au long de leur histoire.

Bien que, durant la première moitié du XVIIIème siècle, la Ligue Iroquoise se soit efforcée de demeurer neutre dans les conflits entre Anglais et Français, les Mohawks, qui voient leur territoire menacé au nord par les Français établis dans la vallée du Saint Laurent, apportent leur aide aux Anglais. En 1755, ils remportent contre les Français la bataille de Lake George.

Entre 1667 et 1676, des Mohawks convertis au catholicisme par des Jésuites, s’installent à Kahnawake au sud de Montréal. Ils maintiennent cependant leurs liens avec la Ligue Iroquoise, refusant de combattre pour la France. Une jeune Mohawk chrétienne, Kateri Tekakwitha, morte en 1680, sera béatifiée en 1980.

C’est à partir de 1775, pendant la Guerre d’Indépendance Américaine, que les Mohawks se révéleront pour les Anglais les alliés les plus efficaces.

Joseph Brant

Un jeune Mohawk, Joseph Brant, devient l’ami d’un riche marchand anglais, William Johnson. Poussé par ses amis anglais, Joseph Brant réussit à convaincre les chefs mohawks de soutenir la cause britannique, faisant valoir la menace que font peser les colons révoltés sur les terres indiennes.

Les Mohawks prennent part à de nombreux combats durant lesquels ils affrontent leurs frères oneidas et tuscaroras alliés des colons. Dans l’été 1777, ils tendent une embuscade près d’Oriskany à un groupe important de colons et de guerriers oneidas. Le 11 novembre 1778, les Mohawks remportent aux côtés des Anglais la bataille de Cherry Valley, près du Lac Ostego, dans laquelle le marquis de La Fayette combat avec les colons américains.

Mais les colons victorieux vont se venger des Iroquois qui les ont combattus. Une expédition punitive conduite par le général James Clinton durant l’été 1779 ravage le sud du territoire mohawk avant de joindre ses forces à celles du général John Sullivan pour attaquer le cœur de l’Iroquoisie. De nombreux Mohawks, dont les récoltes et les villages ont été détruits, passent à leur tour au Canada.

Constructeurs de gratte-ciels

Depuis 1886, les Mohawks de la réserve de Kahnawake se sont fait connaître comme des ouvriers du bâtiment d’une qualité exceptionnelle, spécialisés dans le montage des charpentes métalliques utilisées dans la construction des ponts et des gratte-ciel. On les dit insensibles au vertige, mais peut-être sont-ils simplement habiles et courageux. Les risques sont grands et les accidents fréquents. En 1907, un pont sur le Saint Laurent s’écroule à cause d’un défaut de conception : trente trois ouvriers mohawks sont tués. La construction de l’ "Empire State Building", la plus haute construction du monde, a coûté des dizaines de vies aux Mohawks.

Toutes les réserves mohawks actuelles sont au Canada, au Québec ou en Ontario. En plus de Kahnawake, des Mohawks vivent sur la réserve des Six Nations d’Oshweken en Ontario, à Kanesatake, ainsi qu’à Tyendenaga sur la rive nord du Lac Ontario.

Les Mohawks d'Akwesasne

Installée le long du Saint Laurent, à la limite du Québec et de l’Ontario, la réserve mohawk d’Akwesasne, ou réserve de Saint Régis, est partagée par la frontière américano-canadienne. Les habitants d’Akwesasne ont la double nationalité. En 1968, les Mohawks d’Akwesasne bloquent le pont international sur le Saint Laurent, exigeant le respect par les Etats-Unis et le Canada de l’accord appelé "Jay Treaty" qui autorisait les Mohawks à traverser librement la frontière. Akwesasne souffre d’une intense pollution due aux industries installées sur les rives du fleuve, et Kahnawake est traversée par des autoroutes qui mènent au pont Mercier qui relie Montréal à la rive sud, vers les Etats-Unis.

C’est en mai 1974 que deux cents Mohawks d’Akwesasne vont occuper près de Moss Lake, dans les Monts Adirondack, un territoire de 25 hectares qu’ils revendiquent et qu’ils nomment "Ganienkeh". Ils y vivent pendant trois ans, rejoints par des Mohawks de Kahnawake, selon un système communautaire et une économie fondé sur l’agriculture et l’élevage, assez proche de la société iroquoise traditionnelle. En 1977, un juge reconnaît le bien-fondé de la revendication et accorde aux Mohawk un territoire de 2 300 hectares. En 1980, la communauté se déplace à Miner Lake, sur une terre plus fertile, où elle vit toujours.

En août 1990, les Mohawks vivant à Kanesatake, sur la commune d’Oka, sont les acteurs d’un important soulèvement par lequel ils veulent affirmer la souveraineté des Mohawks sur l’un de leurs anciens cimetières.

Au nombre d’environ 40 000, les Mohawks sont aujourd’hui, parmi les nations iroquoises, ceux qui militent le plus activement pour affirmer leur souveraineté sur leurs terres et leur droits à se gouverner selon leurs anciennes traditions. Dans les années 1980, la création de casinos sur certaines réserves mohawks avait entraîné des rivalités et des conflits parfois violents.

Le conseil traditionnel de la nation mohawk d’Akwesasne a fondé en 1968 "Akwesasne Notes", le premier des grands journaux indiens qui traite non seulement des problèmes actuels et des traditions iroquoises, mais aussi de tout ce qui touche aux peuples indigènes d’Amérique et du monde.

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