Nez-Percés (La Longue marche des)
Exode des Nez Percés conduits par Chef Joseph qui tentent, dans l’été 1877, d’échapper aux soldats du général Howard.
Whitebird Canyon (17 juin 1877)
En mai 1877, le général Oliver O. Howard, ami de Chef Joseph, est chargé de rassembler les Nez-Percés dans leur nouvelle réserve de Lapwai, dans l’Idaho. Le 13 juin, pour se venger d’exactions commises par des colons, plusieurs guerriers du chef White Bird tuent dix-huit Blancs. Ils cherchent ensuite refuge auprès de Chef Joseph. Howard envoie cent dix hommes commandés par le capitaine David Perry châtier les coupables. Le 17 juin, Chef Joseph a fait disposer des guerriers sur les pentes abruptes de Whitebird Canyon. Les soldats tirent sans sommation sur des Nez-Percés venus parlementer. Les cavaliers qui se sont avancés dans le canyon sont soudain pris sous le tir croisé des guerriers nez percés. Les soldats disposés sur une longue ligne sont surpris d’une telle résistance et ont toutes les peines du monde à échapper à la tenaille dans laquelle les tiennent les Indiens. Les guerriers du chef White Bird poursuivent les soldats qui fuient en désordre et les anéantissent en petits groupes. Les Indiens ont fait trente-cinq victimes parmi les soldats venus les attaquer. Ils récupèrent une importante quantité d’armes et de munitions abandonnées sur le terrain. Ils n’ont à déplorer aucune perte.
Chef Joseph conduit les siens dans la vallée de la Clearwater River pour les mettre à l’abri des représailles de l’armée. Le général Howard prend alors personnellement le commandement des troupes qui traquent les Nez-Percés.
Clearwater River (11 juillet 1877)
Le 11 juillet, les scouts du général Howard découvrent de l’autre côté de la rivière le camp indien qui compte environ sept cents personnes, dont deux cent cinquante guerriers. Howard déploie ses quatre cents soldats réguliers et cent quatre-vingts volontaires sur une ligne, mais le tir précis et dévastateur de vingt-quatre tireurs d’élite nez-percés arrête net la progression des soldats.
Lançant une vigoureuse contre-attaque, les guerriers indiens conduits par Olikut, le frère de Joseph, s’emparent des deux obusiers et du canon Gatlin qui pilonnaient le village. Les soldats, maintenant sur la défensive, se replient en un demi-cercle, assiégés par les Nez-Percés. La fusillade fait rage toute la journée. La nuit apporte un peu de répit. Dès l’aube, les soldats parviennent à reprendre les obusiers. Les Nez-Percés ne peuvent empêcher un groupe de volontaires de rejoindre les soldats assiégés. Howard lance alors ses troupes et repousse les Indiens. Mais les non-combattants ont pu lever le camp et quitter la vallée. Les Nez-Percés ont perdu une quarantaine des leurs et les soldats ont à déplorer un nombre égal de tués.
Après la bataille de la Clearwater, les chefs nez-percés décident de franchir les Bitterroot Mountains par la Lolo Pass, la ligne de partage des eaux, pour chercher refuge auprès de leurs amis les Crows du Montana.
Big Hole (9 août 1877)
Le général Howard est loin derrière et il paraît impossible qu’il ait pu franchir la Lolo Pass avec ses canons. Les Nez-Percés, épuisés par cette marche éprouvante, estiment qu’on peut enfin s’arrêter. Ils choisissent pour se reposer, eux et leurs montures, les riches pâturages de la vallée de la Big Hole River.
Mais Howard a fait télégraphier à Fort Shaw pour demander de l’aide. Aussitôt, le colonel John Gibbon se met en route à la tête de cent quarante-six hommes du 7ème régiment d’infanterie et de trente quatre volontaires pour couper la route aux fugitifs. Les scouts bannocks découvrent le camp des Nez-Percés qui, se croyant en sécurité, ont négligé de poster des sentinelles.
A l’aube du 9 août, les soldats chargent brutalement. Gibbon ordonne de détruire le village et de ne faire aucun prisonnier. Totalement surpris, les Nez-Percés tentent de protéger les non-combattants qui fuient dans la plus grande confusion. En quelques minutes, le grand village est aux mains des soldats. Selon les ordres de Gibbon, des soldats tentent de mettre le feu aux tipis, mais l’humidité de la nuit empêche les tentes de brûler. Puis, peu à peu, les guerriers nez-percés organisent la résistance. Heure après heure, faisant preuve d’une détermination et d’une habileté exceptionnelles, les guerriers parviennent à repousser les soldats vers les hauteurs. En se repliant, les soldats fracassent à coups de crosse les crânes des blessés indiens qu’ils trouvent sur leur chemin.
Une fusillade acharnée se poursuit tout le jour. Les Nez-Percés ont réussi à reprendre le village, permettant aux femmes et aux enfants de fuir. Beaucoup d’officiers sont tués ou blessés, victimes des tireurs d’élite nez-percés. Gibbon est lui-même blessé. Les chefs Yellow Wolf et Looking Glass lancent leurs guerriers à l’assaut des retranchements des soldats. Si l’intensité du combat diminue un peu pendant la nuit, il reprend le lendemain, mettant en difficulté les hommes de Gibbon, maintenant à court de munitions. Les Nez-Percés parviennent à s’emparer d’un canon et le détruisent en le jetant dans le vide.
Avertis de l’imminence de l’arrivée des troupes d’Howard, les Indiens décrochent en incendiant la prairie. Les flammes avancent vers les positions des soldats impuissants. Puis soudain, le vent tourne, éteignant l’incendie.
La bataille de Big Hole compte parmi les plus acharnées des guerres de l’Ouest. Les soldats ont eu trente morts et trente-quatre blessés. Les pertes indiennes s’élèvent à quatre-vingt-dix morts, dont soixante-dix femmes et enfants.
L’extraordinaire résistance et la science du combat dont ont fait preuve les Nez-Percés sur les bords de la Big Hole River devait leur valoir l’admiration des officiers lancés à leur poursuite.
Camas Meadows (20 août 1877)
Après la bataille de Big Hole, les soldats du général Howard ont repris la piste des Nez-Percés. Le 20 août, les chefs indiens décident d’un raid sur le camp des soldats afin de capturer les chevaux et d’empêcher les Blancs de les poursuivre.
Les troupes du général Howard campent dans une large prairie de camas, des tubercules dont ils nourrissent les chevaux. Howard a envoyé le lieutenant George Bacon à la tête d’un contingent à cheval reconnaître les positions indiennes.
A l’aube, une troupe de guerriers nez percés conduite par Olikut, le frère de Chef Joseph, approche du camp d’Howard. Ils chevauchent quatre par quatre, comme des soldats. Certains portent des pièces d’uniforme. La sentinelle, croyant qui s’agit des cavaliers de Bacon qui reviennent, les laisse approcher. Soudain, les Nez-Percés se lancent au galop à travers le camp, saccageant les tentes des soldats totalement surpris. Pendant ce temps, d’autres d’Indiens s’emparent des deux cents mules du train de ravitaillement que, dans l’obscurité, ils ont pris pour des chevaux. Aussitôt, Howard envoie les capitaines Norwood et Carr à la poursuite des Indiens. Mais les Nez-Percés se séparent et attaquent les soldats sur plusieurs fronts en une série de rapides escarmouches. Les soldats rentrent au camp n’ayant pu récupérer que quelques mules.
L’audacieux raid de Camas Meadows permet aux Nez-Percés de gagner trois jours sur leurs poursuivants, de franchir Targhee Pass et de s’engager dans le parc national de Yellowstone. Apercevant des éclaireurs crows parmi leurs poursuivants, ils renoncent à aller chez les Crows et décident de gagner la frontière canadienne.
Canyon Creek (13 septembre 1877)
Le 13 septembre, les hommes du colonel Samuel D. Sturgis rattrapent les Indiens à Canyon Creek. Les guerriers indiens obstruent le canyon avec d’énormes quartiers de roches empêchant les soldats de franchir le canyon. Le reste de la tribu parvient à traverser le Missouri après avoir pillé un entrepôt à Cow Island.
Bearpaw Mountains (30 septembre-5 octobre 1877)
Epuisés par le long chemin qu’ils viennent de parcourir et les combats qu’ils ont dû mener, les Nez-Percés campent sur les bords du Snake Creek, au nord du massif des Bear Paw Mountains, dans le nord du Montana. Ils ont largement distancé les troupes du général Howard qui les poursuivent et le Canada où ils espèrent se réfugier n’est plus qu’à soixante kilomètres.
Mais ils ignorent que le colonel Nelson A. Miles venant de Fort Keogh arrive à marche forcée avec quatre cents soldats pour leur couper la route. Les éclaireurs cheyennes qui accompagnent les soldats découvrent le camp des Nez-Percés. Le 30 septembre, par un vaste mouvement tournant, les soldats s’emparent de la presque totalité des chevaux des Indiens. Mais la charge des soldats se brise sur les défenses indiennes judicieusement postées. Miles fait cerner les positions indiennes et décide d’entreprendre un siège afin d’attendre les renforts d’Howard. Les obus des canons Hotchkiss et les balles des tireurs d’élite font des ravages dans le camp indien en proie à la faim et au froid. Les chefs Looking Glass et Toolhoolhoolzote sont tués.
Le 1er octobre, Chef Joseph, qui envisage une reddition, demande une entrevue au colonel Miles. Bien que protégé par le drapeau blanc, le chef indien est gardé en otage. Il n’est libéré qu’en échange d’un officier que les Indiens retenaient.
Le chef White Bird, avec un groupe d’environ deux cents fugitifs parvient, au prix des pires difficultés, à franchir les lignes ennemies et à rejoindre les Sioux de Sitting Bull au Canada.
Howard arrive enfin avec les renforts attendus, mais laisse à Miles le commandement. La lutte reprend de plus belle.
Le 5 octobre, Chef Joseph, qui est resté avec les non-combattants, comprend que la situation est désespérée. Ayant obtenu du colonel Miles l’assurance que son peuple sera ramené sur la réserve de Lapwai, il décide de se rendre. C’est à cette occasion qu’il prononce son célèbre discours. C’est la fin de l’épopée des Nez-Percés.
Reniant aussitôt sa promesse, Miles fait transférer les Nez-Percés au Kansas sur le Missouri, puis sur le Territoire Indien de l’Oklahoma.