Black Hawk (1767-1838)

Publié le par François Hameau

Black Hawk (1767-1838)

Chef des Sauks

Un chef spirituel

Black Hawk est né dans l’actuel état de l’Illinois, dans le grand village de Saukanuk, au confluent du Mississippi et de la Rock River. Dans sa jeunesse, il combat les Cherokees et les Osages. Son père est tué en 1786 dans un raid contre les Cherokees. Black Hawk devient le gardien du "paquet-médecine" de sa tribu et son rôle est celui d’un chef spirituel.

En 1804, des chefs des tribus sauks et fox réunis à Saint-Louis acceptent de céder aux Etats-Unis leurs terres situées à l’est du Mississippi. Black Hawk s’oppose vivement à l’accord, estimant que les signataires ne représentent pas l’ensemble des tribus.

Résister à l'envahisseur

Black Hawk combat les Américains aux côtés de Tecumseh et des Anglais durant la guerre de 1812-1814. En 1816, les Américains construisent Fort Armstrong près de Rock Island, en plein territoire sauk. Cette même année, le territoire de l’Illinois devient un état de l’Union. Des Blancs de plus en plus nombreux revendiquent les terres des Sauks et des Fox. Quand les Indiens quittent leurs villages pour les chasses d’hiver, il n’est pas rare qu’ils retrouvent les lieux occupés par des squatters blancs. Black Hawk et les siens refusent pourtant d’abandonner leur pays tandis que ses rivaux, les chefs Keokuk et Napello acceptent de céder la région de Rock River et de se retirer en Iowa à l’ouest du Mississippi. Black Hawk et son peuple réussissent à se maintenir plusieurs années encore sur leurs terres de l’Illinois, partageant le pays avec des fermiers blancs. Mais en juin 1831, des troupes sont envoyées pour renforcer Fort Armstrong. Le 26, les soldats bombardent le village de Saukanuk. Les Sauks réussissent à fuir en traversant le Mississippi.

Le prophète winnebago White Cloud, qui prêche le retour aux valeurs traditionnelles et prédit pour les Indiens une aide surnaturelle, rassemble autour de lui des Winnebagos, des Kickapoos et des Potawatomis qui se mettent sous le commandement de Black Hawk afin de chasser les Blancs de leur pays. Au printemps 1832, Black Hawk est à la tête de plusieurs milliers de partisans. Mais plusieurs chefs kickapoos, winnebagos et potawatomis s’efforcent de dissuader les leurs de rejoindre la coalition.

Le 5 avril 1832, Black Hawk et les siens, ayant passé l’hiver à l’ouest du Mississippi, retraversent le fleuve pour retourner dans leurs villages. Les colons qui les occupent appellent l’armée à leur aide. Les troupes du général Henry Atkinson sont dépêchées par bateau vers Fort Armstrong. Devant ce déploiement de force, Black Hawk se dirige vers le village du prophète White Cloud, espérant trouver des renforts. Mais la plupart des guerriers winnebagos refusent de le suivre. Black Hawk continue vers le nord, traversant le pays des Potawatomis où ils ne recueillent que peu de partisans.

Bad Axe River (1er août 1832)

Le 14 mai 1832, alors que des Sauks se présentent à l’armée pour parlementer, ils essuient des coups de feu. Les guerriers lancent une attaque qui met en déroute la milice de l’Illinois. Black Hawk et White Cloud entrent au Wisconsin. Black Hawk avait rallié autour de lui plusieurs tribus de la vallée du Mississippi pour s’opposer aux colons qui, au début des années 1830, envahissaient par milliers les territoires indiens de l’Illinois. Avec les guerriers des Sauks et des Fox, il attaque les forts de l’armée et répand la terreur parmi la population blanche. Le président Andrew Jackson charge le général Henry Atkinson d’écraser les tribus sauks et fox. Avec ses six cents hommes, le général marche vers le Mississippi qu’il atteint à l’endroit où la rivière Bad Axe se jette dans le grand fleuve, au nord de son confluent avec la rivière Wisconsin.

Le 1er août, les Indiens, qui ont vu arriver les soldats, ont réussi à faire traverser le Mississippi à une partie de leurs femmes et de leurs enfants à l’aide de radeaux, afin de les mettre en sécurité sur la rive occidentale. Puis Black Hawk commence à disposer ses guerriers le long des berges, prêt à recevoir les soldats. Soudain, tandis que les évacuations se poursuivent, le vapeur Warrior, que les Indiens n’ont pas vu venir, apparaît au milieu du fleuve, muni d’un canon. Comprenant qu’il ne pourra lui échapper et voulant protéger les non-combattants, Black Hawk fait hisser le drapeau blanc. Mais le Warrior ouvre aussitôt le feu à mitraille sur les Indiens. Profitant de leur désarroi, les soldats les chargent à cheval. Mais les guerriers se ressaisissent et organisent leur résistance, utilisant habilement les postes de combat qu’offrent les rives, et la lutte dure jusqu’à la nuit.

Le lendemain, le vapeur a levé l’ancre. Rassurés, les Indiens reprennent la traversée du fleuve. Mais Atkinson a reçu dans la nuit le renfort de mille trois cents hommes. Les soldats attaquent et massacrent les Indiens qui n’ont pu se jeter dans les flots. Le Warrior réapparaît et mitraille les Indiens réfugiés sur une île. Du bateau débarquent des soldats qui achèvent les blessés à la baïonnette. Le Mississippi est devenu "rouge du sang des Indiens que l’on tuait sur ses bords ou dans l’eau", raconte un témoin.

Le combat a duré huit heures. Les Sauks et Fox de Black Hawk ont perdu plus de cent cinquante des leurs, dont des femmes et des enfants. Beaucoup ont péri noyés. Quand ils parvinrent enfin sur l’autre rive, les fuyards sont attaqués une forte bande de Santees qui en tuent plus de cinquante. Les survivants sont capturés par des Winnebagos et livrés à l’armée.

La reddition

Des Winnebagos persuadent Black Hawk et White Cloud de faire leur reddition. Tous deux se rendent le 27 août 1832 à Fort Crawford, près de Prairie du Chien. En se rendant, Black Hawk déclare : "Je n’ai jamais rien fait dont un Indien puisse avoir honte".

Prisonnier de guerre, Black Hawk est envoyé à Washington où il rencontre le président Andrew Jackson, puis dans plusieurs villes de l’est pour y être montré aux foules. Il est autorisé en 1835 à rejoindre son peuple en Iowa, à condition d’abandonner sa qualité de chef. Il dicte ses mémoires à un commerçant d’origine française Antoine LeClair, notamment une admirable lettre au général Atkinson : "Monsieur, les changements de la fortune et les hasards de la guerre ont fait de vous mon vainqueur. Quand mes dernières ressources ont été épuisées, mes guerriers exténués par des marches longues et pénibles, nous nous sommes rendus et je suis devenu votre prisonnier ... Je suis maintenant un obscur membre d’une nation qui autrefois honorait et respectait mes engagements. Le chemin de la gloire est rude et beaucoup d’heures sombres l’obscurcissent. Puisse le Grand Esprit jeter la lumière sur le vôtre ! Que jamais vous ne ressentiez l’humiliation à laquelle le pouvoir américain m’a réduit. Tel est le vœu de celui qui, jadis, dans ses forêts natales, était aussi fier et téméraire que vous".

Il meurt le 3 octobre 1838 à Iowaville, sur la rivière Des Moines. Son corps est dérobé et son squelette est exposé dans un musée.

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