Bâtons Rouges (Guerre des) 1813-1815
Les "Red Sticks"
Les Creeks qui se font appeler "Bâtons Rouges" (en anglais "Red Sticks") ont l’habitude de planter autour de leurs villages des longs bâtons peints en rouge. Pour préparer une attaque, ils envoient à leurs partisans des faisceaux de bâtons peints en rouge.
Les Bâtons Rouges sont inspirés par des prophètes indiens qui ont prédit l’anéantissement des Blancs. Les guerriers bâtons rouges ne combattent qu’armés de leurs arcs, de leurs flèches et de leurs haches de guerre. Leur opposition aux Blancs est si forte qu’ils refusent tout objet venant d’eux, en particulier les fusils. Cela leur donnera dans les combats une infériorité que, malgré leur courage, ils ne pourront surmonter.
Les guerriers bâtons rouges sont dirigés par William Weatherford, fils d’un négociant écossais et d’une femme creek qui prend le nom de Red Eagle. Red Eagle est un grand admirateur du Shawnee Tecumseh. L’esprit de résistance qui anime les Bâtons Rouges est partagé par une large majorité de la nation creek qui supporte de plus en plus mal les empiétements constants des Blancs sur son territoire. Pourtant, un parti minoritaire que l’on pourrait appeler "blanc" conduit par le chef Mc Intosh, un métis, déclare se soumettre à l’autorité des Etats-Unis. Le parti de Mc Intosh est majoritaire au Grand Conseil des Creeks.
En juillet 1813, après avoir massacré des colons à Burnt Corn Creek, les Bâtons Rouges attaquent la capitale creek où siège le Grand Conseil. Deux cents guerriers restés fidèles au Grand Conseil repoussent les assaillants. La population est transférée à Cusseta qui devient la nouvelle capitale.
Fort Mims (30 août 1813)
En février 1813, un parti de guerriers creeks "bâtons rouges" conduit par Little Warrior revient du nord du Michigan vers le pays creek, après avoir combattu les Américains aux côtés des Anglais et des Indiens alliés au chef shawnee Tecumseh. Sur le chemin du retour, ils tuent plusieurs colons américains. Les "Creeks Blancs" alliés des Américains montent une expédition punitive et abattent Little Warrior et ses guerriers.
C’est pour venger cette trahison de la cause indienne que les chefs "bâtons rouge" Red Eagle et Menewa décident d’attaquer le quartier général des métis à Fort Mims, près de Mobile. Le poste, une grande ferme fortifiée, abrite deux cent cinquante miliciens "creeks blancs" et deux cents colons américains réfugiés des fermes environnantes avec leurs familles et leurs esclaves noirs.
Le major Daniel Beasley qui commande le poste, pourtant averti par un esclave de la présence ennemie dans les parages, néglige de poster des sentinelles et même de fermer les portes du fortin. Le 30 août, à midi, un millier de guerriers "bâtons rouges" se précipitent à l’intérieur du fort par la porte demeurée grande ouverte, bousculant tout sur leur passage. La seconde enceinte résiste, mais les assaillants réussissent à y mettre le feu. Près de trois cent cinquante personnes, y compris des femmes et des enfants périssent dans les flammes. Les esclaves noirs survivants sont libérés par les Indiens. C’est par ce terrible massacre, qui terrorise la population blanche, que débute la "Guerre des Bâtons Rouges". Le général Andrew Jackson est chargé d’exterminer les rebelles. Une armée de six mille miliciens, à laquelle se sont joints six cents Cherokees et une centaine de Choctaws, marche contre les Bâtons Rouges. Ils sont conduits par des éclaireurs célèbres comme Davy Crockett et Sam Houston. En octobre, près d’un millier de soldats attaquent la ville de Tallassahatchee où deux cents combattants bâtons rouges se sont retranchés avec leurs familles. Les Indiens résistent avec acharnement. Ils ont plusieurs centaines de morts. Les rares survivants sont faits prisonniers. Peu après, les guerriers de Red Eagle assiègent des Creeks "blancs" à Talladega. Le général Jackson envoie un gros contingent de soldats pour aider les Indiens amis. Les Bâtons Rouges, peu armés, doivent se retirer en abandonnant de nombreux morts. L’armée s’empare peu à peu, au prix de furieux combats, de plusieurs villages bâtons rouges. En décembre, elle s’empare du village fortifié d’Ecanachaha au bord de la rivière Alabama, le centre religieux des Bâtons Rouges.
Horseshoe Bend (27 mars 1814)
Fin mars 1814, neuf cents guerriers "bâtons rouges" commandés à ce moment par le chef Menewa sont, avec leurs familles, retranchés près du village de Tohopeka sur une presqu’île en forme de fer à cheval, dans une boucle de la rivière Tallapoosa, que les Américains appellent Horseshoe Bend. La position paraît inexpugnable, défendue par la rivière sur trois côtés, le dernier étant protégé par un épais mur de terre et de troncs.
Le général Jackson se présente à la tête de deux mille hommes dont six cents auxiliaires cherokees. Les Creeks repoussent facilement les Cherokees qui tentaient d’approcher par la rivière. Les canons disposés par Jackson ne peuvent entamer l’énorme mur de terre. Mais au bout de plusieurs heures d’un bombardement intense, les fortifications commencent à céder, et soldats et miliciens montent à l’assaut. Le corps à corps est violent. Les défenseurs, seulement armés d’arcs et de flèches, résistent autant qu’ils le peuvent, mais doivent céder du terrain devant la pression des assaillants plus nombreux et puissamment armés. Le village voisin de Tohopeka est investi et incendié. Cernés, les "Bâtons Rouges" se battront jusqu'à la limite de leurs forces.
On comptera le lendemain près de cinq cent soixante cadavres de Creeks, guerriers et non-combattants. On retrouvera dans les jours suivants plus de deux cents noyés indiens emportés par le courant de la Tallapoosa. Les Américains ont eu cinquante morts et cent cinquante blessés.
Quelques jours plus tard, Red Eagle se présente seul et en haillons au général Jackson pour faire sa reddition. Il déclare : "C’est moi qui commandais l’attaque de Fort Mims. J’ai fait à l’homme blanc tout le mal que j’ai pu et je ne me suis jamais rendu. Mais maintenant je n’ai plus de guerriers et je suis en votre pouvoir. Faites de moi ce que vous voudrez". Il demande seulement qu’on porte secours aux femmes et aux enfants creeks réfugiés dans les marais et qui meurent de faim. Jackson y consent et laisse le chef repartir libre.
A la suite d’une série de traités imposés par la force, les Creeks sont contraints d’abandonner tout leur territoire aux Américains. Quinze ans plus tard, ils seront les premiers déportés en Territoire Indien. Baton Rouge est la capitale de l'Etat de Louisiane.