Inuit

Publié le par François Hameau

Peuple de l’Alaska, du nord du Canada et du Groenland

Les Inuits sont les « Eskimos », le peuple de l’Arctique. Toute leur économie était basée sur la pêche et la chasse aux mammifères marins. C’est seulement au XIXè siècle que leur mode de vie est modifié par l’afflux de marchandises européennes qui leur font peu à peu abandonner la chasse et la pêche.

Un peuple de l'Arctique

Les Inuits sont plus connus sous le nom d’Eskimos un nom donné par leurs voisins les Algonquins vivant au sud, signifiant "mangeurs de viande crue", tandis que "Inuit" signifie "notre peuple".Les Inuits sont le peuple de l’Arctique, essentiellement tourné vers la mer. Les autres peuples indigènes vivant sensiblement sous les mêmes latitudes, mais à l’intérieur des terres, sont classés comme « Indiens ».

Les Inuits ont des caractères asiatiques généralement plus marqués que n’en ont les Indiens. On peut en déduire que leurs ancêtres sont arrivés en Amérique venant de Sibérie plus récemment que les Indiens, il y a probablement moins de trois mille ans. En Sibérie orientale, il existe des communautés inuits parlant la même langue que celles d’Alaska, seulement séparées par le détroit de Bering. Les deux peuples ont pu renouer les contacts dans les années 1980, quand les relations se sont détendues entre l’Union Soviétique et les Etats-Unis.

Nous ne parlerons ici que des Inuits vivant au Canada et en Alaska.

Bien qu’occupant des territoires variés, les Inuits partagent une même langue, une même culture et un même mode de vie, totalement dépendant du climat et des ressources naturelles qu’offre leur habitat septentrional.

L’Arctique est caractérisé par ses hivers longs et très rigoureux, durant lesquels le soleil n’apparaît que quelques heures par jour. Les étés sont courts, permettant seulement à une végétation de toundra (mousses, lichens, petits buissons, quelques plantes à fleurs) de se développer. Le sol reste gelé en permanence.

Les ressources végétales étant pratiquement inexistantes, les Inuits tirent toute leur subsistance de la pêche et de la chasse aux animaux marins. Ils chassent essentiellement le phoque, et dans une moindre mesure l’éléphant de mer et le morse dont les défenses d’ivoire sont très convoitées, et parfois la baleine. Ils s’attaquent également à l’ours polaire.

Durant l’été, les hommes utilisent des kayaks, des embarcations légères et très maniables, faites de peaux tendues sur un cadre et complètement fermées, où un seul chasseur prend place dans un trou ménagé au centre et qu’il manoeuvre à la pagaie. Ils harponnent les mammifères marins qui nagent en surface ou se chauffent au soleil sur les grèves ou sur les glaces flottantes. L’hiver, quand la mer est prise en banquise, les hommes chassent à l’affût, guettant phoques et morses qui viennent respirer à la surface dans des trous de la glace, se faisant aider de chiens huskies spécialement dressés.

Certains Inuits ne craignent pas de s’attaquer au harpon à des baleines de grande taille durant l’été, quand la mer est libre. Ils utilisent alors de grands bateaux de peaux appelés umiaks, pouvant mesurer quinze mètres de long, où une douzaine de chasseurs peuvent prendre place. L’umiak sert aussi à transporter familles, chiens et bagages durant les déplacements d’été. Les Inuits qui occupent les côtes nord du Canada et le nord du Labrador, chassent, en plus des mammifères marins, le caribou, la chèvre de montagne, le bœuf musqué et autres espèces terrestres pour leur viande ou leur fourrure.

Les armes des chasseurs inuit étaient le harpon, ainsi que les arcs et les flèches et de larges couteaux pour le découpage des proies. Ils utilisaient également les filets pour la pêche et divers pièges pour la capture des animaux à fourrure.

L’igloo, une hutte de neige en forme de dôme, n’était construite que par les communautés inuit du Nord-Canada.

En été, quand ils se déplaçaient pour chasser, les Inuit du Canada construisaient des abris coniques faits de bois flottés récupérés de long des côtes ou d’os de baleines qu’ils recouvraient de peaux de caribous. Les Inuits d’Alaska, plus sédentaires, vivaient dans des maisons de forme rectangulaire faites avec tous les matériaux disponibles : pierre, terre, bois flotté, os de baleine.

La nourriture des Inuits était essentiellement faite de viande et de graisse de mammifères marins, ainsi que de poisson. En été, quelques récoltes de baies pouvaient être faites dans les zones les plus méridionales. Le vêtement devait être chaud, résistant, imperméable et pratique. Hommes et femmes portaient des pantalons et des vestes à capuchon (l’anorak) et étaient chaussés de hautes bottes épaisses. La peau de phoque, imperméable, était choisie pour affronter la neige, la pluie, le travail en mer, et la peau de caribou, chaude et légère, pour résister aux grands froids. Les vestes, les capuchons, les bottes étaient ornés de bandes de fourrure, de franges de cuir. Ils portaient des bijoux d’ivoire, d’os, de coquillages, en boucles d’oreilles ou en inclusions dans la narine ou dans la lèvre.

Pour leurs déplacements terrestres, les Inuits utilisaient des traîneaux faits de bois et de peaux tirés sur la neige par des équipages de chiens, les huskies. Certains utilisaient les raquettes à neige, comme les Indiens.

Les Inuits vivaient en petites bandes de chasseurs composées de plusieurs familles liées par la parenté ou par une tradition de partenariat, partageant les produits de la chasse, parfois les femmes, et s’assistant les uns les autres. Les conflits entre bandes inuit étaient très rares, mais ils entraient parfois en conflit à avec les tribus indiennes à propos des troupeaux de caribous.

Les Inuits étaient un peuple gai et courageux, aimable et pacifique. Ils aimaient les contes et les histoires, les jeux de société, les chants accompagnés des battements de grands tambours plats tenus à la main et excellaient dans la sculpture sur os et sur ivoire.

Premiers contacts avec les Blancs

Il est possible que les Inuit du Groenland aient eu vers 980 des contacts avec une expédition du Viking Eric le Rouge. Comme les Micmacs et les Beothuks, ceux du Labrador ont pu être touchés par des expéditions vikings entre 990 et 1010.

En 1576, l’explorateur anglais Martin Frobisher est à la recherche du mythique passage du Nord-Ouest, un bras de mer qui permettrait d’atteindre l’Extrême Orient à travers l’Amérique du Nord. Son expédition fait relâche sur la côte est de la Terre de Baffin et cinq Anglais sont laissés sur place. Frobisher revient l’été suivant, mais ses hommes ont disparu. Frobisher, qui accuse une communauté inuit voisine de les avoir tués, fait ouvrir le feu sur les Inuits. Les hommes font une défense courageuse, tandis que femmes et enfants tentent de fuir. Les survivants capturés par les Anglais sont jetés du haut de la falaise. L’endroit du massacre prendra fort justement le nom de "Bloody Point". Quand Frobisher revient en 1578, les Inuit de la région s’enfuient en apercevant les navires anglais. Jusqu’au milieu du XVIIIème siècle, les Inuit de la côte nord-canadienne voient passer au large de leurs côtes les expéditions européennes à la recherche du fameux passage.

Vitus Bering, un Danois travaillant pour le tsar, explore en 1741 les Iles Aléoutiennes et l’ouest de l’Alaska. Les Russes installent des postes de commerce de fourrures, contraignant les indigènes à travailler pour eux. Tandis que les Aleutes ont terriblement à souffrir de l’invasion russe, les Inuits, qui ont réussi à demeurer à l’écart, sont relativement épargnés.

Vers 1820, des missions moraviennes s’installent parmi les Inuit du Labrador, mais les contacts entre Blancs et Inuit demeurent sporadiques tout au long du XIXè siècle. Les marchandises d’origine européenne pénètrent cependant les communautés inuit. Fusils, couteaux, haches, bouilloires, étoffes leur facilitent la chasse et la vie quotidienne, mais altèrent gravement leurs savoir-faire ancestraux, leur culture et leur spiritualité, ouvrant la voie à l’alcoolisme. Les maladies européennes, en particulier la tuberculose, ont sur eux un impact dévastateur.

En 1867, les Etats-Unis achètent l’Alaska à la Russie et commencent à en exploiter les ressources naturelles. Au même moment, la Compagnie de la Baie d’Hudson ouvre de nombreux postes de traite dans les territoires de l’Arctique, incitant les chasseurs inuits et indiens à pratiquer une chasse commerciale intense aux animaux à fourrure. Ce n’est qu’au début du XXè siècle que certaines communautés inuit du nord-canadien auront leurs premiers contacts directs avec des Blancs.

Les temps modernes

A partir des années 1930, la plupart des Inuit abandonnent leur habitat et leurs moyens de subsistance traditionnels. Ceux qui continuent à vivre en partie de la chasse et de la pêche utilisent le fusil à la place de l’arc et du harpon, des embarcations à moteur en toile gommée à la place du kayak et de l’umiak. Les vêtements sont en laine ou en coton, les maisons en planches, chauffées au fuel. Plus récemment, la moto-neige, rapide et maniable, remplace le traîneau à chiens et l’électricité est installée dans la plupart des villages inuit. Cependant, beaucoup d’Inuit répugnent à abandonner totalement leurs activités traditionnelles qui leur assurent un minimum de cohésion sociale et de fierté culturelle, et entendent toujours exercer leurs droits de chasse et de pêche. En 1971, une loi réglait la question des droits indigènes en Alaska (Alaska Native Claim Settlement Act) Des territoires étaient reconnus aux Indiens et aux Inuit, souvent différents de leurs terres traditionnelles, et des fonds leur étaient accordés pour leur permettre de développer leur économie. Les villages inuit d’Alaska sont actuellement organisés en six corporations dont les individus sont actionnaires, donc libres de revendre leurs parts, un facteur d’instabilité qui engendre la crainte de l’avenir dans beaucoup de communautés indigènes.

Le Nunavut

Les Inuits du Nord-Canada possèdent depuis le 1er avril 1999, un territoire qu’ils contrôlent politiquement et, au moins en partie, économiquement. C’est le "Nunavut" ( Notre Terre ) découpé dans la partie centrale de la province canadienne des Territoires du Nord-Ouest, un projet approuvé en 1982 par un référendum tenu sur le territoire.

Depuis de début des années 2000, les Inuits sont gravement touchés par les conséquences du réchauffement climatique, très marqué dans les régions polaires : fonte des glaces et du permafrost, tempêtes hivernales plus violentes, montée du niveau de la mer.

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